Requiem 16.90
des ténèbres à la lumière
Les partitions
Note du directeur musical, François-Xavier Lacroux
Toutes les partitions choisies n’ont jamais fait l’objet de réelle recherche et
d’interprétation solide et sérieusement construite. Il est à noter que le Graduel attribué à la cathédrale de Versailles (mais dont l'attribution est forcément postérieure à l'écriture de ce livre) est déposé à la Bibliothèque Nationale et n’est pas édité. Il y a donc aussi un travail d’écriture à faire sur celui-ci. Le respect des sources est essentiel. Ce qui n’exclue pas un oeil moderne, ancré dans le temps. Le Requiem de Louis Chein, quant à lui, est édité par le Centre de Musique Baroque de Versailles. François-Xavier Lacroux tourne autour depuis plus de 20 ans, et c’est d’ailleurs une pièce qui a marqué la naissance des Chantres de Saint-Hilaire, alors qu’il n’était qu’un ensemble semi-professionnel, regroupant des étudiants. Mais déjà il y avait cette attirance pour le grand plain-chant français*. Celui de Louis Chein est harmonisé comme une polyphonie de la fin de la Renaissance. Cette forme presque archaïque cohabite avec des couleurs plus modernes. L’oeuvre se rapproche en cela des pièces piochées chez Bouzignac et Tabart. La forme presque a-rythmique du Requiem aide à plonger dans l’intemporalité et à prolonger la lenteur du plain-chant et sa déconnexion du réel. La pièce de Tabart, hyper-rythmique, vient contraster et donner du rythme, réveiller les sens, mettre en alerte. Toujours en perspective d’un chemin douloureux vers la libération.
*Plain-chant gallican
Les sources du plain-chant gallican ne manquent pas ! Ce plain-chant baroque, noté en notes carrées court tout au long des XVIème et XVIIème siècles et est encore bien présent dans les grands antiphonaires et graduels des cathédrales. Ici c’est un Graduel de Saint-Louis de Versailles, édité en 1686 pour un édifice non précisé, puis acquis par le chapitre de la cathédrale de Versailles sous Louis XV, et conservé à la BNF qui a été choisi.
Les Chantres de Saint-Hilaire Sauternes
direction François-Xavier Lacroux
Astrid Vehstedt, mise en scène
Les compositeurs
Louis Chein (1637 - 1694)
Né à Paris, il fut dès 1645 enfant de choeur à la Sainte-Chapelle dont il deviendra ensuite chapelain. Il devient rapidement maître de chapelle de la cathédrale de Quimper. Serpentiste, il est essentiellement connu pour le Requiem à 4 voix publié en 1690, peu avant sa mort. Œuvre de grande qualité, elle se situe dans la droite ligne de la grande tradition française du plain-chant harmonisé et orné, avec un aspect légèrement archaïsant, souligné par l’utilisation de ligatures. Le seul exemplaire connu est conservé à la Bibliothèque Municipale de Lyon et provient du fonds de la
Compagnie de Jésus. On a également de lui deux autres messes pour la Sainte-Chapelle
Pierre Tabart (1645 - 1716)
Contemporain de Louis Chein, Pierre Tabart est d’abord maître de chapelle de la cathédrale de Tours puis à celle d’Orléans et enfin à Meaux,
musicien de Bossuet, poste auquel Sébastien de Brossard lui succédera. Peu d’œuvres de lui ont été conservées, mais un Requiem, une messe et trois motets. Pierre Tabart se distingue par son style plutôt ancien, dans un contrepoint traditionnel, mais relativement imprégné de tonalité. Il rejoint ainsi les deux autres compositeurs de ce Requiem 16.90.
Guillaume Bouzignac (1587 - 1643)
Même s’il est le plus ancien de ce programme, Bouzignac, prêtre et compositeur, écrivant dans un style très avancé pour son époque, a connu un grand succès. Né en Languedoc, il assumera rapidement, son apprentissage d’enfant de chœur achevé, des responsabilités à Narbonne,
Angoulême, Grenoble, Bourges, Rodez, Montauban et enfin Clermont-Ferrand. Même si rien n’a été publié de son vivant, sa réputation a très largement dépassé les villes où il exerçait. Le Manuscrit de Tours contient un nombre considérable de ses œuvres, non signées. Bouzignac se distingue par un style souvent dramatique, tendu, déjà fort baroque. Les deux motets choisis ici sont significatifs.